vendredi 30 septembre 2011

Capter l’attention


Il m’a fallu treize ans ( !) pour trouver une formule qui caractérise ou synthétise toute la pédagogie avec Lou : Capter son attention.
Il faut donc « simplement » capter son attention en permanence, si on veut être en communication avec lui (et donc le faire progresser).
Nous ne procédons pas autrement.
Si nous parlons trop vite et en faisant de trop longues phrases, il déconnecte. Si on s’assure pas qu’il est toujours présent ? Idem.
Souvent, pour ne pas dire la plupart du temps et malgré notre tentative de lui faire suivre le fil de la conversation ou de l’événement, il change de sujet ou d’intérêt comme une girouette au vent. Il n’écoute pas et laisse vagabonder son esprit au gré du moment présent ou d’évocations passées.
Ce passé qu’il veut en permanence revivre.
C’est en réussissant à capter son attention et donc à lui faire tenir des conversations et des échanges avec nous, que tout progrès s’est fait et que, petit à petit, son attention se fait plus présente et de manière spontanée.
Etre présent. Lui… et nous.
« Concentre-toi, Lou ». Le gimmick à toute heure et pour tout.
« Range tes chaussettes à leur place ! », pour la cinq-cent quatre-vingt-huitième fois.

Rester simple et dans des dualités communes ( le bien, le mal – le chaud, le froid – etc.) est aussi le meilleur vecteur à sa compréhension, quand bien même la vie comporte bien plus de subtilités qu’un interrupteur binaire.
- T’es fâché, papa ?
- Oui.
Il nous faut faire aussi des analogies pour lier la sauce.
«  C’est comme… »
A ces deux préceptes, il faut y rajouter la fameuse méthode Coué, tant décriée : « T’es capable, mon p’tit gars ! », « La vie est belle. », « On recommence », « Bravo, tu vois que… ».

Il faut enfin ajouter à cette recette une bonne dose d’amour et d’humour, pour faire passer les conflits, peurs et contradictions que cela provoque en lui.

C’est ça, le défi avec Lou. Pour tout : l’apprentissage scolaire, la canne, les repas, les gestes quotidiens, les conversations et mêmes les jeux ou la musique.
Et face à cela, il y a le paradoxe de son incroyable aisance dans le domaine musical, où tout lui semble évident et facile.

4 commentaires:

'Za a dit…

C'est vrai que c'est un défi et un état d'esprit permanent. Quand je travaille la communication avec des enfants très jeunes, je suis là, avec toute la patience du monde, à les suivre dans leurs "fuites" au sol, à recapter pour la millième fois leur attention etc... Tout un programme. Mieux vaut avoir plus d'un tour dans notre sac!
Bravo à vous...

ANDREE a dit…

En te lisant Luc, je me dis que peu de personne sont au courant du travail que demande la "différence" de Lou ou de tout autre jeune atteint d'un handicap lourd.. Un travail à plein temps si on ne veut pas voir tous les efforts réduits à néant!!! Moi je tire mon chapeau et je dis respect à ta famille et tous ceux/celles qui s'occupent de Lou mais aussi à tous ces parents qui n'ont personne pour les aider à relever ce grand défi... Bon week-end à vous tous et un gros bisou à Lou et à vous aussi bien sûr....

Valérie a dit…

capter l'attention, mais aussi défocaliser l'attention ! (enfin, pour Louson, c'est ça aussi !)

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

Za, Andrée, valérie, vous savez de quoi on parle... ;-)
Valérie, c'est exact : défocaliser aussi face aux obsessions.